Notre école se porte mal et même très mal. Le paradoxe de l’état de cet outil de développement est que ce sont ses gardiens qui en sont les fossoyeurs. Oui, les enseignants, gardiens du temple, sont ceux-là même qui l’ont détruit à coups d’incompétence, par manque de projet réel, souvent par pure méchanceté ou par manque de vision. Ils ont conscience de cela car leur choix est d’expatrier leurs enfants en refusant de les soumettre aux remèdes qu’eux-mêmes administrent à notre société. Pourtant, beaucoup des anciens cadres de notre pays ont bénéficié de bonnes formations avec souvent la possibilité de poursuivre leurs études dans des pays étrangers.
On comptait sur eux pour nous donner leur expertise et aider à notre développement à travers l’amélioration de notre société et de son système, éducatif. Ils sont, hélas, pour la plupart,
devenus les Crapauds Brousse dont parle Tierno Monémembo. L’état de notre école est à l’image de notre société: divisée, lourde, inefficace,
surchargée, confuse, mal orientée et j’en passe. Nous sommes loin des années des écoles prestigieuses de Yamoussoukro, d’Abidjan.
Comment parvenir à sauver notre école?
Il faut d’abord éviter d’avoir cette obsession ivoirienne de vouloir à tous les coups sauver une année scolaire ou universitaire à travers une formation accélérée,
précipitée, bâclée, inadéquate avec des acteurs aussi défaillants que ceux qu’ils prétendent former. C’est comme s’entêter à effectuer un long
voyage avec une voiture qui a des pneus et un moteur défaillants. C’est un risque inutile qu’il ne faut pas faire prendre
à notre pays. Nous devons, en toute objectivité, remonter le cours de notre histoire, celui de
notre école, et identifier toutes les sources de problèmes et les résoudre dans le temps, quitte à avoir une année blanche. Il ne saurait y avoir de développement sans une bonne formation.
Des cadres mal formés conduisent notre pays dans le précipice
de l’incompétence, de la corruption, de la facilité et détruisent
les outils réels de développement.
Il faut commencer par des états généraux de notre école. Des travaux qui devront impliquer tous ses acteurs et dont les conclusions devront passer à l’Assemblée nationale et un
budget spécial alloué pour la réalisation de toutes ses conclusions.
Nous avons le devoir de soigner notre école si nous aspirons au développement. Nos armes de destruction massive,
nos détournements, le mépris de notre classe politique, en tout cas pour beaucoup d’entre eux, sont autant d’éléments qui nous prennent en otage. Ceux qui disent
savoir ne savent rien, et ceux qui savent ne font rien.
Peut-on vraiment parler de progrès depuis la mort d’Houphouët-Boigny au niveau de notre école?